Le 23 janvier 2015, à l'occasion de l'exposition de Jean-Marc Hunt, les élèves de l'option de spécialité "Histoire des arts" se sont rendus avec leur professeur à l'Habitation Clément, au François. Ce fut aussi l'occasion de découvrir, pour certains, le jardin des sculptures de la Fondation. Des sculptures contemporaines souvent colossales qui reflètent une ouverture évidente sur l'art contemporain.
Jean-Marc Hunt est un artiste contemporain, d'origine guadeloupéenne et réunionnaise qui a grandi en Métropole avant de s'installer définitivement en Guadeloupe il y a douze ans.
L'exposition intitulée NEGROPOLIS regroupe une série de six tableaux de grand format (1m70 sur 1m50), une série de 36 petits tableaux de 21 cm sur 15 cm (encre et acrylique sur papier marouflé sur du bois et résiné), intitulés « ex-voto », et enfin une série de cinq sculptures alignées : des cranes creux en aluminium, intitulés « vanités »
Les peintures sont réalisées à l'acrylique sur du papier marouflé sur de la toile.
Son travail plastique est influencé par le Street Art, il convoque une gestuelle spontanée et incisive. Il effectue de larges coups de pinceaux, crée des coulures, évitant ainsi une maîtrise absolue de la forme, il laisse place à l'inattendu et au désordre. Aussi, l'urgence d'exécution va de paire avec une gamme chromatique vive et intense. En observant ses peintures, on peut deviner la méthode utilisée par l'artiste. Ce dernier recouvre ses toiles de peinture, il esquisse des formes plus ou moins identifiables, puis vient cerner un personnage en recouvrant la toile de peinture blanche. Ainsi, se produit un palimpseste, des formes surgissent et prennent l'ascendant sur d'autres. Un personnage par toile : chaque personnage se retrouve pris au piège de l'espace de représentation, toujours en contorsion, désarticulés mais pourtant pleins de force et de violence. Notre regard ne peut que se plier à ce chaos visuel de formes et de couleurs, un mouvement frénétique qui se courbe sur lui-même.
~~ Le ballon : une œuvre en réaction à la mort d’Eric Garner, au mois de juillet, l’année dernière, à New York un homme noir de 44 ans (suspecté dans la vente illégale de cigarettes), se fait étrangler par un policier (technique interdite), il répète 11 fois : « I can’t breath », avant de perdre connaissance. Outre la référence à ce sujet fort d'actualité, il s'agit d'abord d'une peinture au contraste violent : une masse pesante (et lourde de sens) gravite dans la partie supérieure du tableau, tandis que le reste est recouvert en partie de blanc. L'impression de légèreté n'est alors qu'apparence. De même, la présence d'une ficelle esquissée par l'artiste, pouvant expliquer le choix du titre semble superficielle ici.
En outre, nous retrouvons dans le choix des personnages, l'évocation du baron (le "baron samedi" probablement, une figure présente dans le vaudou haïtien, que nous reconnaissons grâce à ses attributs (canne, tête de mort)), mais aussi des références à Picasso, à Jean-Michel Basquiat, etc...
Mise à part la date de création, d'autres indices nous permettent de savoir que Jean-Marc Hunt se situe dans l'art contemporain : les matériaux utilisés (recyclage = technique actuelle : on réutilise des matériaux qui vont faire sens), le rapport à des évènements de l'actualité et enfin l'appropriation d’un thème ancien( comme la vanité ou l'ex-voto).
Cette exposition fut pour les élèves un moyen de comprendre une démarche artistique, ils ont décodé le titre de l'exposition, analysé les différentes natures d'œuvres et les techniques convoquées par l'artiste, expliquer sa méthode de travail en observant le travail plastique. Ce qu'il faut dépasser dans la rencontre avec une œuvre, ce sont ses a priori, son ressenti premier. Pour des élèves en Histoire des arts, l'important est de chercher à comprendre une démarche, l'analyser, la mettre en lien avec d'autres, et produire une réflexion et un jugement critique. Les élèves, répartis en binômes ou groupes de trois, ont donc développé ce cheminement complexe, de l'intuition à l'analyse.
Pauline Ludosky, professeur d'arts plastiques.
Les différentes productions de Jean-Marc Hunt
Un jardin de sculptures : un défi innovant pour la Fondation Clément !
article en construction... patience.
